Les meilleurs ennemis: Une histoire des relations entre les États-Unis et le Moyen-Orient. Deuxième partie 1953-1984

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Par Danyrou

UnknownJean-Pierre Filiu, historien spécialiste de l’islam contemporain et David B, dont la présentation n’est plus à faire dans le monde de la bédé, nous offre finalement le second tome de leur audacieuse histoire des relations entre les États-Unis et le Moyen-Orient. Si la première partie parue en 2011 couvrait la vaste période 1783-1953 et nous laissait avec le coup d’État contre Mossadegh en Iran, le deuxième volet se consacre à un espace temporel beaucoup plus restreint, soit les années 1953-1984. Cette période est brève mais fort chargée en raison de la place de plus en plus importante que prennent les États-Unis dans cette région durant ces années de guerre froide.

Filiu et David B font ainsi le récit des interventions américaines en Égypte (face aux efforts d’affirmation nationale et au panarabisme de Nasser), durant les guerres israélo-arabes des Six jours et du Yom Kippour, pendant la Révolution islamique en Iran et durant la complexe et sanglante guerre civile libanaise. Tout au long de ces événements qui sont finalement tous interreliés, nous comprenons que les véritables protagonistes de ces conflits, ce sont les États-Unis et l’URSS. Si Moscou soutient les pays arabes comme la Syrie et l’Égypte, sorties récemment de leur état de dépendance face à la France et la Grande-Bretagne, Washington soutient pour sa part Israël coincé entre ces Arabes socialistes. La nation juive représente ainsi pour le grand frère américain un rempart d’une importance capitale pour le « monde libre ».

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L’historien et le bédéiste avaient tout un défi à relever en s’attaquant à trois décennies extrêmement chargées et en nous livrant un récit fluide en 104 pages. Les crises successives du Moyen-Orient sont fondamentalement complexes et incomprises par la moyenne des ours. Le risque de perdre le lecteur est bien réel. Cependant, même si les auteurs nous étourdissent parfois par un flot dense d’informations, ils nous racontent en même temps le déroulement des événements avec limpidité. Les tractations diplomatiques, les actions militaires, leurs conséquences, les retours aux tables de négociation, les débats au Conseil de sécurité de l’ONU, tout cela n’est pas facile à expliquer en respectant les codes de la bédé. Le bon découpage est donc primordial, histoire de ne pas transformer le tout en « poutine » verbeuse et confuse. Heureusement, avec un David B à ses côtés, le professeur Filiu est plus que choyé. Par de nombreuses métaphores graphiques et un esthétisme clair qui le distingue, le bédéiste réussit l’épreuve de force de nous rendre cette mine d’information passionnante et lisible.

Une fois de plus, la bande dessinée démontre qu’elle peut être un outil efficace pour comprendre le présent. Aujourd’hui même, Israël après plusieurs jours de bombardement, procède à une incursion dans la bande de Gaza. Comment saisir les enjeux derrière tout cela si nous ignorons les événements bouleversent cette région depuis les soixante dernières années. Le tome 2 Des meilleurs ennemis nous permet de faire cet exercice de façon ludique et agréable. Pourquoi ne pas en profiter ?

8/10

Les meilleurs ennemis: Une histoire des relations entre les États-Unis et le Moyen-Orient. Deuxième partie 1953-1984

Auteur : David B (dessin) Jean-Pierre Filiu (récit)

Édition Futuropolis (2014)

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