The Wrenchies

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source : The Wrenchies, éd. First Second, 2014.

par Pedro Tambièn

Une histoire d’enfants super-héros par un pilier de la scène indépendante des comics américains.

Farel Dalrymple s’est d’abord fait connaître par un comic book qu’il a publié lui-même en 2003, Pop Gun War. Ses dessins superbes et son histoire elliptique lui ont valu plusieurs prix. En 2007, il avait dessiné une bédé pour Marvel intitulée Omega The Unknown, qui, contrairement aux comics récents de Marvel et DC, ne tentait pas de rendre les super-héros réalistes mais au contraire surréalistes. La série, scénarisée par Jonathan Lethem, était fort bien réussie.

Pour ce nouvel opus, Dalrymple est seul aux commandes, du scénario au dessin et même aux couleurs. Les thèmes sont proches de ceux de Pop Gun War : on baigne dans la mélancolie, la tristesse et les déceptions qui marquent l’enfance.

Dans le futur, seuls les enfants qui ont des super-pouvoirs et qui se réunissent en gangs survivent à l’attaque des « hommes des ombres », à l’objectif morbide : voler l’âme des enfants dès qu’ils perdent leur naïveté et se sentent perdus. La survie des enfants ne tient qu’à un fil… jusqu’à ce que Hollis, un enfant de notre époque avide de comics qui n’hésite pas à se déguiser en super-héros avant de sortir de chez lui, se retrouve propulsé dans ce futur apocalyptique au milieu des « Wrenchies », des garçons et filles qui le considèrent comme un individu parfaitement normal.

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source : The Wrenchies, éd. First Second, 2014.

 

Les dessins et les couleurs de Dalrymple sont sublimes. Les scènes d’horreur, d’action ou encore les pages où les différents décors présentés sont saisissantes. J’adore ses vues en coupe où on voit ce qui passe à l’intérieur d’un immeuble du temps de Hollis ou d’une base secrète du temps des « Wrenchies », comme lorsqu’enfants, nous regardions à l’intérieur d’une maison miniature.

On ressent l’angoisse du futur sans issue, la tristesse d’une enfance « moderne » sans vrai ami. Les dessins et la narration de ces scènes forment la plus grande force de Dalrymple.

Malheureusement, l’histoire n’est pas des mieux ficelées. Dalrymple semble hésiter, parfois dans le même chapitre, entre une narration éthérée à la Pop Gun War et une exposition très lourde, où un personnage explique ou raconte une partie de l’histoire avec beaucoup de mots et beaucoup de cases sans intérêt (comme les fameuses « talking heads » que Brian Michael Bendis utilise beaucoup trop dans ses propres comics).

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source : The Wrenchies, éd. First Second, 2014.

 

Il est difficile de faire la lecture de Wrenchies d’une seule traite. J’en suis ressorti avec l’impression que l’auteur avait l’ambition de faire quelque chose de la trempe d’un Grant Morrison, mais a eu du mal à gérer la frontière entre l’indéchiffrable et le génial, comme Mathieu T le décrivait dans sa critique de Pax Americana.

5/10

The Wrenchies

Auteur : Farel Dalrymple

Éditeur : First Second (2014)

300 pages de dessins superbes au scénario décevant

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