par Mathieu T

Jean Solé est un drôle d’animal dans le monde de la bédé, davantage illustrateur que bédéiste. Il a fait sa marque chez Pilote, à L’écho des savanes et Fluide Glacial (où il met en images le Superdupont de Gotlib, le dernier datant de 2014). Il a travaillé pour l’Express et a créé le logo du Guide des routards et l’affiche du film Le père Noël est une ordure.
Animaleries est une réédition d’un bestiaire assez particulier publié chez Pilote entre les années 70 et 90. Tout y est : le kangourou-toilette, l’ours-balançoire, le chat-guitare, la tortue-landau, le phoque-boxeur. Rien n’arrête Solé. C’est à la fois hyper-réaliste, ultra-détaillé, méga-maniaque, absurde, surréel, magrittien, drôle, pas drôle, presque drôle. L’imaginaire est sans limite et les limites ont de l’imagination.
Pour (re) découvrir cet artiste incongru.
8/10
Animaleries
Auteur : Jean Solé
Éditeur : Fluide Glacial (2015)
64 pages

John Porcellino est relativement connu dans le monde de l’auto-édition et du zine, particulièrement avec la publication du King-Cat Comics and Stories. Voilà qu’avec cette suite hospitalière, il raconte avec beaucoup d’intimité et de détails ses déboires de santé qui l’ont frappé au milieu des années 90.
Maladie, anxiété, troubles obsessifs-compulsifs, problèmes de couple, aller-retours réguliers entre le médecin et l’hôpital, tout y passe dans ce long et très déprimant monologue. J’imagine bien que l’aventure a eu un effet cathartique pour l’auteur, mais au-delà de l’empathie général pour un être très malade, le lecteur aura de la misère à accrocher à un tel récit.
Lourd. Très lourd.
6/10
The Hospital Suite
Auteur : John Porcellino
Éditeur : Drawn and Quaterly (2014)
250 pages

Hubert Lessac est un riche dandy qui profite bien de la vie jusqu’au jour où il tombe amoureux de Louise. Mais la Grande guerre frappe aux portes de la France et il s’engage comme pilote de chasse. De bleu, il deviendra une gloire nationale, mais un matin, il est abattu en plein vol et recueilli par une bande de poilus atypiques.
Habilement divisé en chapitre, le récit de ces soldats est admirablement bien illustré par Olivier Supiot, un peu comme si Renoir avait publié une bédé en 2015. Les couleurs enveloppantes et galopantes marquent l’esprit. Le scénario, à la finale un peu grosse, reste simple et les thèmes abordés (l’horreur de la guerre) sans surprise.
La guerre comme expérience visuelle.
8/10
Auteur : Olivier Supiot
Éditeur : Génat (2014)
108 pages