
par Mathieu T
Nous avons tous nos faiblesses, mes collègues inclus. Dany flanche pour les bédés de guerre, Pedro pour les histoires avec des nanas carnivores accordéonistes borgnes et moi les western. Je ne résiste jamais à l’envie d’en lire un surtout les diptyques, une forme parfaitement ajustée pour raconter une histoire en image (le duo d’albums permet de développer sans se perdre).
Le livre 1 du Révérend, Les diables déchus du Nevada, se terminait mal pour le héros et laissait, comme toute bonne intrigue doit le faire, un paquet de questions en suspend. Nous avions en main seulement quelques éléments de réponse à la grande interrogation du lecteur : qu’est-ce qui pousse le révérend à pourchasser inlassablement ces hommes ?
Les dessins de Lebon m’ont énormément plu. Bien sûr, l’influence de Jean Giraud est lourde dans le domaine ; ce n’est pas facile de s’en extirper. Toutefois, Lebon penche plutôt du côté de Jijé (Jerry Spring et cie) et ce n’est pas plus mal. Le trait est dynamique, les personnages bien caractérisés et il y a plusieurs très belles cases où l’œil s’attarde un instant pour reprendre son souffle. Je glisse aussi un bon mot pour Hugo Poupelin dont les teintes brunes et vertes imposent une ambiance sale assez réaliste.

Tout comme les images, l’histoire doit aussi se détacher des grands classiques tel Il était une fois dans l’Ouest. Malheureusement, ce n’est pas tout à fait réussi. J’y ai vu un détournement simpliste dans la révélation de l’élément déclencheur. Certes, par définition, un western est simple ; il se résume souvent à des cavalcades et des tirs de revolver, mais l’épaisseur de cette linéarité scénaristique en fait un bon récit. Ce n’est pas le cas ici, surtout pour le deuxième livre. L’impression d’une ennuyante poursuite est forte.
Bien sûr, la lecture reste agréable. Bien sûr, certaines scènes sont intelligemment tournées. Mais mon cerveau a accroché davantage aux défauts (les vilains très stéréotypés, le célèbre chasseur de prime qui tire comme un pied) au lieu de prendre le temps de se laisser aller.
Comme dirait mon père quand il va boire son café au casse-croûte du coin : « ça fait la job, mais ça vaut pas un bon expresso ».
6/10
Auteurs : Lylian (scénario) Augustin Lebon (dessins)
Éditeur : EP (2015)
56 pages