
par Mathieu T
Diabolik est un personnage de bande dessinée italienne créé en 1962. Inspiré directement du Fantômas de Souvestre et Alain, il commet ses crimes en toute impunité grâce au masque qu’il porte et qui lui permet de prendre l’apparence de n’importe qui. C’est une icône en Italie. Le choix d’inclure son nom dans le titre n’est pas anodin et prendra tout son sens quand vous refermez l’album. Pour l’instant, il n’est qu’un héros pour adolescent en mal d’aventure.
Justement, le vrai héros, Antoine, a 15 ans et nous emmène dans ses péripéties estivales : folies nocturnes et flânage diurne, premières expériences amoureuses et drague, substances illicites, amitié, tennis, rapports difficiles avec un père mystérieux. Chronique quotidienne d’un jeune homme normal jusqu’à un soir où un événement tragique modifiera sa vision des choses. À partir de ce moment, Antoine cherchera à comprendre ce qui s’est passé et quelle est la vraie nature de tous ces adultes qui l’entourent. Sa quête trouvera sa conclusion 20 ans plus tard. Difficile d’en dire plus sans vendre le punch de ce thriller haletant.

Après un très chouette Souvenirs de l’Empire de l’atome, le duo Smolderen et Clerisse nous ont encore concocté un curieux mélange des genres, alternant la quête initiatique, le drame familial, Grease et les récits d’espionnage. Exercice hasardeux certes, mais qui fonctionne à merveille (encore plus que les Souvenirs qui se perdait un peu dans les détails). C’est touffu sans être lourd et intrigant à souhait. Dès les premières pages, les auteurs nous emmènent en ballade et le ton faussement léger du narrateur se noircit à mesure que les mystères s’accumulent. Bien écrit, l’histoire trouvera son dénouement à la toute fin et tous les morceaux du puzzle s’emboîteront parfaitement les uns dans les autres. Certains trouveront la pilule un peu grosse à avaler ; au contraire, j’ai adoré l’ambition des auteurs et surtout, le fait que toutes les portes ouvertes se sont refermées.

Le dessin est aussi fantastique que celui des Souvenirs, mais semble s’inspirer davantage des années 60 que 50. La palette de couleur estivale rose, mauve et bleue sied parfaitement bien à l’ambiance et les scènes d’action sont réussies. Est-ce que Clerisse travaille avec un pinceau électronique ? Je ne sais pas, mais le tout est riche et séduisant. Une bonne note aussi pour la couverture très rétro aux lignes incrustées de brillant argent.
Quand graphisme et narration se rencontrent parfaitement.
9/10
L’Été Diabolik
Auteur : Thierry Smolderen (scénario) et Alexandre Clérisse (dessins)
Éditeur : Dargaud (2016)
168 pages