par Mathieu T
Le masque de Fudo tome 1 – Brume

J’ai beau fouiller dans ma riche mémoire de choses inutiles, je ne sais pas pourquoi certains sujets fascinent les gens. Pourquoi il y a des tonnes de bédés sur la Rome antique (voir ici) ou sur la Deuxième Guerre mondiale (voir l’œuvre au complet de mon collègue Dany). Et que dire du Japon des samouraïs, véritable obsession d’une certaine élite pseudo-intellectuelle de groite (mélange de gauche caviar et de droite convenue, moi inclus)…
À bien y penser, probablement parce que c’est fertile en humainerie.
Le masque de Fudo raconte une classique histoire de revanche, où le héros, Fudo, se remémore son enfance et le chemin parcouru jusqu’à devenir l’un des guerriers les plus redoutés du royaume. L’élément déclencheur se situe dans cette enfance bercée par une douce sœur attentionnée et une mère sorcière à demi-folle. Le passé tisse ses toiles dans le présent et construit la légende du personnage, morceaux par morceaux, un peu comme l’incontournable Oko.
Le scénario est impeccable et roule comme une machine bien huilée. Après un début intrigant, les événements se suivent selon une logique sans faille. C’est à la fois la force de ce récit, bien écrit et crédible, et son défaut, sans réelle surprise pour nos cerveaux déjà gavés. Mais comme c’est un premier tome, celui où l’auteur place ses pièces, soyons patients.
Le dessin de Tenuta est un vrai régal pour les yeux, rappelant un peu l’hyper-réalisme du Moine fou de Vink. Les samuraïs sont effrayants, les combats, sanglants, et il y a cette touche floconnée qui permet de peindre le flou, le léger et l’ambiance brumeuse sans que ça sente le travail forcé.
Du bien fait.
8/10
Le masque de Fudo tome 1 – Brume
Auteur : Saverio Tenuta
Éditeur : Les Humanoïdes associés (2016)
48 pages
Arthus Trivium tome 1 – Les anges de Nostradamus

Comme bien des gens fêlés du cerveau, j’ai eu une phase parapsychologie dans ma jeunesse et je me suis intéressé aux écrits de Nostradamus, ce médecin qui « savait »
prédire l’avenir. Des années et de nombreuses séances de Ouija plus tard, j’ai compris que Nostradamus n’était qu’une gamique pas plus scientifique que les exploits d’Uri Geller. Mais le plaisir de gloser sur ses textes est resté.
Le vieux médecin est de retour dans ma vie avec le premier tome d’Arthus Trivium qui raconte sa vie, mais surtout celle de ses trois jeunes acolytes, Arthus Trivium, Angélique Obscura et Angulus Dante, qu’il envoie au quatre coins de la France enquêter sur l’apparition de phénomènes surnaturels. Dans un monde où la foi fait loi, la marge est mince entre le dévot et l’impie.
Le lecteur est plongé dans un curieux mélange à la fois d’historique (la présence de Charles IX), d’action (les nombreuses bagarres), de X-Files (les enquêtes), d’horreur au goût du jour (les vampires), de biographique (Nostradamus), de philosophie (les questions sur la foi) et j’en oublie probablement. C’est trop, beaucoup trop. À vouloir suivre tous les sentiers, le marcheur ne sort jamais de la forêt. Le plus frustrant est que pris séparément, chaque élément est solide, mais placé ensemble, c’est un peu la bouillie indigeste.
Ce qui ajoute à la consternation d’avoir frôlé l’œuvre aboutie est le travail de Landa, absolument superbe. Ouvrez une page au hasard et vous serez emporté par un tourbillon de cases détaillées au millimètre près mais aussi emplies d’une magie d’un temps ancien, qui cadre parfaitement avec l’époque. La gamme de couleurs sépia, magnifique, ajoute à cette impression de vivre cet âge plein de mystère et de violence.
Bref, une immersion incomplète.
6,5/10
Arthus Trivium tome 1 – Les anges de Nostradamus
Auteurs : Raule (scénario) Landa (dessins)
Éditeur : Dargaud (2016)
48 pages