Alexandre Jacob – Journal d’un anarchiste cambrioleur

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source : Alexandre Jacob, éd. Sarbacane, 2016.

par Mathieu T

Librement adapté des travaux de Jean-Marc Delpech* et de la vie réelle du fameux cambrioleur, Alexandre Jacob – Journal d’un anarchiste cambrioleur raconte la vie, à travers une narration intime, du célèbre voleur-philosophe qui a sévit à la Belle époque alors qu’elle n’était justement belle que pour les mieux nantis.

Alexandre Jacob, de sa vie à son incarcération à sa mort, est un personnage plus grand que nature que l’on ne croise guère plus dans notre existence de grenouilles cathodiques. Issu d’une famille de petits commerçants (son père est boulanger), il multiplie les boulots et les aventures (l’armée, la marine) avant d’embrasser pleinement la philosophie anarchiste. À la lueur de ses nombreuses expériences, Jacob remarque la misère du monde et décide de s’investir dans la cause de tous ces déshérités du système. Mais faire de beau discours, même s’il en est capable, n’est pas son genre ; accompagné de personnages aussi burlesques que lui, il se lance dans l’illégalité : voler le riche pour redonner au pauvre. Cambrioleur de génie, farceur, noceur, philosophe de salon, proto-syndicaliste, Alexandre Jacob a traversé son époque pied-de-biche à la main et gendarmes à la porte, parsemant son chemin d’une folie anti-bourgeoise pour une population qui en avait bien besoin.

Dès les premières pages du récit, la comparaison avec le Lupin de Leblanc surgit naturellement (certains prétendent que Leblanc se serait effectivement inspiré de Jacob pour bâtir son héros) mais aussi le Rocambole de Ponson du Terrail. Il y a quelque chose de roublard dans Jacob ; le lecteur hésite à croire que la cause vient avant l’envie et c’est tout à l’honneur de Vincent Henry d’avoir su pondre un portrait davantage complexe que seulement celui d’un clown médiatique. Si l’anarchisme teinte l’ensemble du livre, ce n’est jamais lourd et le passage entre l’action, les discussions de taverne et la narration coule de source. Le lecteur aime son Jacob ; les scènes au tribunal ou avec les nombreux agents de la paix sont hilarantes. Le tout tient du feuilleton à dévorer. C’est l’anarchisme brassiens à son meilleur.

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source : Alexandre Jacob, éd. Sarbacane, 2016.

Gaël Henry possède un trait de crayon qui se situe entre celui de Blain et de Blutch, ce qui sied parfaitement au rythme endiablé de l’histoire. Chaque case, noire et blanche teinté de gris, transpire l’énergie inépuisable de Jacob et met facilement en place tous les personnages. C’est vivant, c’est joyeux, c’est désinvolte et c’est fou. Gaël Henry nous donne l’envie d’aller botter les fesses d’un magistrat ou de dessiner des moustaches sur la page facebook de notre bon maire.

Un très bel hommage à un homme libre.

8.5/10

 *=Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur. Portrait d’un anarchiste (1879-1954) et Voleur et anarchiste – Alexandre Marius Jacob

Alexandre Jacob – Journal d’un anarchiste cambrioleur

Auteurs : Vincent Henry (scénario) Gaël Henry (dessins)

Éditeur : Sarbacane (2016)

156 pages

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