Le facteur de l’espace

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9782923841892
source : Le facteur de l’espace, éd. La Pastèque, 2016.

par Mathieu T

Le travail le plus difficile d’un critique, quel que soit son sujet, n’est justement pas d’émettre une critique. Non. N’importe quel zouf peut commenter le dernier disque à la mode. Bien sûr, le critique se démarquera du quidam par un propos argumenté, nuancé, réfléchi, documenté. Mais non. Sa tâche la plus ardue en est une de déconstruction mentale. Il faut qu’il déboulonne son savoir en cherchant à éliminer les a priori, préjugements, biais, parti pris, mauvaise foi, pour repartir complètement nu (tout en sachant bien qu’il possède un certain vécu de consommateur d’art). J’ai écrit le 24 juin 2014 une critique assez sévère de Cumulus de Guillaume Perreault et j’ai entre les mains son nouveau livre. J’ai donc dû à mon tour, et c’est un exercice pas si évident, passer par le procédé d’épuration de mes réflexes mentaux.

Après ce trop long préambule, passons au livre.

D’abord, et je le répète souvent, l’éditeur La Pastèque propose toujours de très beau produit de qualité. Ici, la couverture du bouquin se déplie et donne accès à un sympathique mur de lettres qui sert bien l’ambiance du récit.

Bob est un facteur spatial qui se promène de planètes en planètes pour livrer son courrier. Il aime bien cette vie de routine où tout est à sa juste place. Un matin, son patron, une pieuvre à moustache un peu grognonne, lui demande d’effectuer une ronde de livraisons spéciales. Bob, à contrecoeur, accepte et se lance sur le grand chemin de l’aventure. Mais les péripéties ne sont pas toujours au goût de toutes les personnalités et Bob suit des routes bien mystérieuses.

extrait
source : Le facteur de l’espace, éd. La Pastèque, 2016.

Guillaume Perreault plante son routinier héros dans un monde rétro-futuriste où se côtoient gentiment robots carrés, extra-terrestres colorés et humains mal rasés. Pas de guerre ni de grandes batailles mais une ambiance passéiste aux multiples clins d’œil technologiques et littéraires. Pour le jeune lecteur, car c’est avant tout à lui que ce livre s’adresse, Perreault mélange habilement découverte de mondes merveilleux et étranges (ma partie préférée) et action, tout en saupoudrant son récit d’une fine couche philosophique. La réalité n’est pas toujours celle que l’on pense qu’elle est et à sortir des sentiers battus, un cerveau pense différemment.

Perreault continue toujours à travailler avec justesse son style clair et épuré, mais sans impression de donner dans l’académisme. Dès la première page, le lecteur embarque. L’alternance entre les grande cases pleine page et celles sans arrière-plan donne une joyeuse touche galactique à l’ensemble et appuie bien l’histoire.

Dans un contexte où le politique se questionne sur la nature de Poste Canada, cette histoire rétro-charmante montre bien que tout le monde aime le facteur

Un chouette album pour tous.

8/10

Le facteur de l’espace

Auteur : Guillaume Perreault

Éditeur : La Pastèque (2016)

144 pages

 

 

 

 

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