par Pedro Tambièn
Après les paniers de critiques au sujet de bédés inspirées du 7e art (le cinéma) et le 8e (les arts médiatiques, dont la télévision), tournons-nous vers quelques bandes dessinées traitant du 4e art, soit la musique.

Dans l’immeuble de l’Upper West de Manhattan où il vit depuis 1975 et en bas duquel il sera assassiné en 1980, l’ex-Beatles John Lennon rencontre une voisine qui est psychologue. Il prend rendez-vous avec elle et chaque séance devient un chapitre de cette bande dessinée, scénarisée par David Foenkinos et Éric Corbeyran, puis dessinée par Horne (« juste Horne » comme dirait Thierry L’Hermite).
J’aime beaucoup la discographie de ce groupe qui est encore extrêmement influent dans la musique occidentale, et je n’apprécie pas de façon constante les projets solos post-Beatles de Paul, John, George et Ringo. Pour en connaître un peu plus à leur sujet, j’avais visionné il y a quelques années le documentaire Anthology et lu quelques articles à leur sujet. Malheureusement dans ce Lennon à la prémisse pleine de promesses, on n’apprend absolument rien de plus que ce qu’on a déjà vu dans ladite Anthology.
Dès le départ, le style de la bédé est beaucoup trop classique. On déroge très rarement de la structure de six cases par page et il y a très peu de changement dans le rythme. Qui plus est, l’artiste recolle des images d’un chapitre à l’autre et ne se force pas trop. On tombe donc très souvent sur une image de Paul McCartney et John Lennon qui chantent ensemble dans le style vestimentaire et musical de leurs débuts, même si ce dessin reproduit l’évolution du style musical des Beatles ou de leur relation.

C’est très décevant et on est bien loin du sublime « 5ème Beatles » paru il y a quelques années, plein de style et d’anecdotes croustillantes.
4/10
Lennon
Auteurs : Foenkinos et Corbeyran (scénario) Horne (dessins)
Éditeur : Marabulles (2015)
155 pages en noir et blanc

Jérémie est un homme-orchestre, jouant de la guitare, chantant, jouant l’harmonica et tapant sur les pédales d’un drum, le tout simultanément. Dès la scène d’ouverture, on le voit réaliser un concert de folie, avant de revenir à la vie normale, avec sa famille. L’opportunité de partir en tournée aux États-Unis et le début d’une intrigue autour de sa grand-mère amèneront le personnage principal et le lecteur au fin fond de la Louisiane.
Cette bande dessinée ne révolutionnera rien. Cependant, elle a du style et de la gueule. Bref, elle est rock’n’roll, ce à quoi on peut s’attendre lorsqu’on sait que Baru a réalisé le scénario et qu’au lieu de dessiner son récit comme il a l’habitude de le faire, il a préféré laisser Jano l’illustrer et aller à cœur joie dans l’anthropomorphisme, en contraste avec le réalisme très réussi des décors, instruments de musique, véhicules et autres accessoires.

Un plus indéniable : le vinyle (oui, oui, un 45 tours !) inclus dans la bédé. L’histoire s’arrête quelques pages avant la fin, pour enjoindre le lecteur à mettre en marche son tourne-disques et écouter ce disque de King Automatic et Johnny Jano (pas de lien familial avec le dessinateur de l’ouvrage, mais probablement un lien spirituel), qui ont inspiré l’histoire. C’est une très belle idée superbement exécutée. Et le 45 tours est du pur rock’n’roll à la hauteur de la bande dessinée.
7/10
The Four Roses
Auteur : Baru (scénario) Jano (dessins)
Éditeur : Futuropolis (2015)
75 pages en couleurs avec un 45 tours de King Automatic et Johnny Jano