par Dany Rousseau :

Annuellement Zviane participe au 24 heures de la bédé au festival d’Angoulême. En 24 heures, les artistes doivent réaliser 24 planches tout en respectant diverses contraintes. Si en 2011 dans Pain de Viande (Pow pow), l’auteure à l’humour décalé nous offrait un recueil de ses expériences du 24h de 2008 à 2011, en publiant Club sandwich; 5 histoires biscornues mais néanmoins amusantes (Pow pow), Zviane nous rapporte celles de 2012 à 2016. À chaque histoire, elle nous expose en aparté les contraintes exigées par les organisateurs de l’épreuve, ce qui nous fait davantage saisir le contexte de création. On imagine le stress et l’adrénaline que génère un tel défi pour chacun des participants.
Même si je ne suis pas convaincu de la pertinence de la publication de bédés qui sont en fait le résultat d’une performance artistique à laquelle nous n’avons pas assistée, je dois avouer que quelques histoires, comme l’auteure le mentionne dans le sous-titre de l’album, sont bien réussies grâce à l’humour absurde et l’autodérision de Zviane. Le plus beau métier du monde, par exemple, m’a fait vraiment rire. En bref on peut dire que Club sandwich est un opus mineur de Zviane, toujours amusante, mais pas obligatoire dans sa bibliothèque
7.5/10
Club Sandwich
Auteur : Zviane
Éditeur : Pow pow (2016)
134 pages

J’aimerai ajouter à ma critique une petite mention à propos de la maison d’édition Mécanique général qui vient de publier deux albums majeurs dans l’histoire récente de la BDQ. Nicolas de Pascal Girard, publié une première fois en 2006, raconte le deuil difficile que l’auteur a dû faire après le décès de son jeune frère Nicolas à l’âge de 5 ans, emporté par l’acidose lactique. En partant trop tôt, l’enfant laisse derrière lui une famille meurtrie et un grand vide dans la vie de son grand frère Pascal.
Alors qu’il est débutant, Girard remplira, 16 ans après la disparition de Nicolas, un carnet de dessins réalisé directement à l’encre sans crayonner, ni découpage. Sur cette plaquette de 112 pages, tient presque deux décennies marquées par de petits et grands moments qui balisent un deuil qui ne veut pas guérir. Cette édition anniversaire touchante qui arrache quelques larmes est augmentée d’une vingtaine de feuillets. Dans cette mise à jour, Girard nous entretient du cadet de la famille, Joël, qui était peu mentionné dans la version originale. L’auteur met carte sur table en illustrant sa difficile relation, même à l’âge adulte, avec ce frère qui n’a pas connu Nicolas. Pour cette raison, sans s’en rendre compte, Pascal semble en vouloir à Joël qui n’y est pour rien. Un grand témoignage raconté simplement.

Le deuxième titre que nous offre Mécanique générale est paru en septembre et intitulé À l’école de Zviane (encore une fois). En regroupant les deux premiers livres de la bédéiste (soit La plus jolie fin du monde, tiré de son blogue et Le quart de millimètre publié à compte d’auteur en 2007), la maison d’édition nous fait remonter aux sources de l’inspiration de cette artiste phare de la bande dessinée québécoise. Racontant son quotidien sous la forme d’un journal personnel, Zviane affirme son style et son propos. Alors étudiante en musique, elle ignore toujours ce qu’elle veut faire : de la bédé ou de la composition? Nous assistons en spectateur à l’éclosion d’une jeune adulte pleine de vie dont le sens de l’observation et les questionnements nous étonne toujours.