par l’équipe de Bdmétrique
Après trois nuits blanches, 40 cafés, 357 cigarettes et 7 visionnements des Maîtres du temps pour se détendre, voici les choix rudement débattus de la rédaction pour l’année 2016. Tenez compte, amis lecteurs, que nous n’avons bien sûr pas tout lu.

S’enfuir * Guy Delisle (Dargaud)
Probablement LA bédé à lire cette année si vous en avez une seule à feuilleter. 432 pages d’un huit-clos étouffant décrivant la captivité pendant 111 jours de Christophe André aux mains de rebelles tchétchènes. Sublime et oppressant.

Fin de la parenthèse * Sfar (Rue de sèvres)
L’écroulement civilisationnel ne peut se résoudre que par la décryogénisation de Dali et le retour à son enseignement délirant. Un grand album de Sfar rempli de superbes pages philosophiques et humanistes. Profond et fou.

Patience * Daniel Clowes (Fantagraphics)
Après la mort de Patience, la ville semble plus colorée et moderne, mais les humains restent fades et vicieux et ne cherchent qu’à revenir dans le temps ou à se perdre dans les méandres de l’alcool ou la drogue. Bizarre et lucide.

Melvile tome 2 * Romain Renard (Le Lombard)
Série d’ambiance extraordinaire qui suit cette fois Saul Miller, un vieux professeur retraité. Là où un auteur sans imagination en aurait fait une histoire banale, Renard nous plonge dans un thriller psychologique tendu au possible. Grandiose et inquiétant.

Stupor Mundi * Néjib (Gallimard)
Frédéric II réunit dans un château en Italie les plus grands esprits scientifiques de son époque. Mais ça ne fait pas l’affaire des religieux qui grenouillent partout. Affrontement entre science et religion et questionnement de la foi au menu. Dense et tragique.

The Vision (deux tomes) * Tom King et Gabriel Hernandez Walta (Marvel)
Suite et fin de cette surprenante série où la Vision, toujours en quête d’une humanité absente, décide de se créer une vie familiale. Déjà déjantée par rapport aux récits de superhéros, l’histoire prend une tournure cynique et critique la vie de banlieue américaine. Robotique et audacieux.

La femme aux cartes postales * Jean-Paul Eid et Claude Paiement (La Pastèque)
Montréal dans les années 50, récit extrêmement bien ficelé, finale étonnante, personnages attachants, magnifiques dessins, recherche graphique poussée, quoi demander de plus ? Une réussite sur tous les plans. Enchanteur et nostalgique.

Prophet : Earth War * Brandon Graham et Simon Roy (Images Comics)
C’est la fin de cette incroyable série de science-fiction, Earth War nous racontant la genèse de Prophet (la série-mère). Ici, il faut mettre son cerveau au placard et se laisser dériver dans les délires interstellaires et le visuel moebiusien des auteurs. Épique et psychotronique.

Le Rapport de Brodeck tome 2 * Manu Larcenet (Dargaud)
Une autre pierre à l’immense oeuvre qu’est en train de se construire Larcenet. Ici, une histoire simple et sombre d’après-guerre qui révèle la nature humaine dans ses plus horribles oripeaux. Sépulcral et pénétrant.

Bédé la plus discutée par notre comité de sélection. Elle clôt parfaitement bien la longue aventure en 10 albums concept d’Okko le samuraï déchu et de ses compagnons de route. Une grande série. Héroïque et tragique.
Mentions honorables :
–La demoiselle en blanc * Dominique Parenteau-Leboeuf et Éléonore Goldberg (Mécanique générale)
–L’été diabolik * Thierry Smolderen et Alexandre Clérisse (Dargaud)
–Nunavik * Michel Hellman (Pow pow)