
Par Mathieu T
Il y a de ces bédés qui font automatiquement référence à d’autres œuvres et Les petites choses est l’une de celle-ci. Dès les premières pages, votre esprit vagabonde et retrouve une impression déjà sentie, dans ce cas-ci, de phrases qui ont généré une douce sensation de bonheur. Mais j’y reviendrais.
L’album, dans toute sa gentillesse, propose des scénettes d’une page qui illustrent un état de grâce temporaire, une rare jubilation éphémère, un arrêt du temps où la conscience sors d’elle-même et se contemple, ravie. L’auteur nous parle de la « première molle de l’année », de « se sentir compris » ou de « recevoir un colis ».
Ce bonheur, comme ceux dans La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules de Delerm, est de courte durée et ce qui en fait tout son charme. Les illustrations légèrement enfantines de Roy sont vite regardées et ils nous restent en bouche un doux parfum de nostalgie. Car c’est ça la nostalgie : le retour du cœur en arrière tout en gardant la tête dans le présent.
Un album de tendre allégresse qui vient faire le contrepoids du très beau Fines tranches d’angoisse de Catherine Lepage.
8/10
Les petites choses
Auteur : Ana Roy
Éditeur : Mécanique générale (2016)
96 pages

Après Pereira prétend, voici une autre des superbes productions de 2016 dont nous n’avions pas pu vous parler jusqu’à maintenant. C’est donc vraiment le Retour de l’iroquois (haha).
L’album relate l’histoire de l’Iroquois Tokhrahenehiaron qui, libéré par les Français de Nouvelle-France en 1644, est renvoyé vers son peuple pour y proposer une trêve. S’enclenche alors un long voyage solitaire entre Trois-Rivières et l’état de New York.
Ce Retour est une réussite à tout point de vue. D’abord, s’appuyant sur un récit véridique, Rémillard s’attarde à donner une ossature crédible à son propos. J’ai été impressionné par la description très précise des mœurs des Iroquois et autres peuples des Premières Nations. Puis, nous plongeons avec justesse au cœur de cette vie difficile et des relations troubles entre amérindiens et nouveaux arrivants européens. Rémillard nous propose un pan de notre histoire du point de vue Iroquois, un angle rafraîchissant et très enrichissant. Le lecteur accompagne d’ailleurs Tokh dans ses délires conscients, ses croyances et son rapport respectueux avec la nature.
Appuyé par un magnifique trait noir et blanc hachuré qui donne encore plus l’impression de lire un récit ancien, Le retour de l’Iroquois s’inscrit maintenant parmi les essentiels de la bédé québécoise, là où elle devrait être rendue en 2017, avec un récit puissant et fourni, un sujet universel mais québécois et un dessin envoûtant.
Un superbe périple graphique.
9/10
Le retour de l’iroquois
Auteur : Louis Rémillard
Éditeur : Éditions Trip (2016)
126 pages