Panier à critique XXIII

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source : Undertaker tome 3, éd. Dargaud, 2017.

par Mathieu T

Hasard de la distribution, je commenterai en même temps les dernières parutions de Stern (tome 2) et d’Undertaker (tome 3), deux westerns très populaires. Précédemment, j’avais été fort impressionné par la première et peu par la deuxième. En ira t-il autrement cette fois-çi ?

Après moults péripéties, Jonas Crow est bien en selle avec ses deux associées, l’ex-gouvernante Rose Prairie et l’énigmatique Lin. Sans le sou, le trio accepte de se rendre au Warwick Mansion en Californie pour un enterrement facile et payant. Mais voilà que durant la soirée funéraire, le vieux colonel Warwick révèle la vraie identité de Crow et lui hurle que « l’ogre est toujour vivant ! ». Une page plus loin, Crow galope dans la nuit pour résoudre ce mystère et le lecteur est bien accroché.

Au risque de me répéter, le dessin de Meyer est superbe et cette-fois, il a davantage puisé chez Victor Hubinon (Barbe-Rouge) que Giraud. Les jeux d’ombre sur les visages, la chaleur qui se dégage de chaque case, les grands espaces rougeoyants, les pistolets menaçants. Impeccable.

Nos héros se lancent à la poursuite de cet ogre et la piste sera souillée par la couleur du sang. Côté action, rien de bien original, mais la mécanique roule comme sur des roulettes. Là où Dorison surprend le lecteur, c’est en creusant davantage ses personnages. Le passé militaire de Crow revient à la surface et les traits de caractère de Lin et de Rose, que je trouvais simplistes, s’épaississent pour en faire des éléments clé de l’histoire. De plus, sans trop forcer la donne, Dorison pose l’éternel question de la nature du bien et du mal justement par l’entremise de l’ogre. Le boucher n’est pas toujours celui que l’on croit être.

Un huis clos surprenant qui se poursuivra dans le prochain album intitulé L’ombre d’Hippocrate.

8/10

Undertaker tome 3 – L’ogre de Sutter Camp

Auteurs : Xavier Dorison (scénario) Ralph Meyer (dessin)

Éditeur : Dargaud (2017)

54 pages

source : Stern tome 2, éd. Dargaud, 2017.

Elijah Stern le croque-mort intello a lu tous les livres que pouvait lui offrir sa petite bourgade de Morrison et son fournisseur a fait faillite. Il devra prendre son courage à deux mains et galoper jusqu’à Kansas City, la grande ville la plus proche qui peut lui offrir une libraire digne de ce nom. Mais Stern n’aime pas les grandes villes, surtout Kansas City et tout le passé qu’elle renferme.

Le premier tome de Stern avait été heureux succès en librairie (plus de 20 000 copies vendues) et bien accueilli par la critique. Malheureusement, La cité des sauvages manque de souffle par rapport à son prédécesseur. Si la prémisse de base est alléchante, la suite n’est curieusement qu’un long prétexte pour faire défiler des personnages insensés et des poursuites ennuyeuses où Elijah se fait barouetter à gauche et à droite. Bien sûr, tout est rôdé au quart de tour, mais à force de vouloir faire différent, Fédréric Maffre est tombé dans le cliché et le ridicule. Et Dieu sait que la marge entre la finesse et le mijaurée est parfois très mince.

Appuyée par le joli dessin de son frère, l’histoire aurait dû creuser davantage la nature de Stern et bien que le lecteur en apprend un peu plus sur son héros, par un bizarre effet, il a l’impression d’en savoir moins comme si l’album nous présentait une parodie d’Elijah Stern.

Une vive déception.

5/10

Stern tome 2 – La cité des sauvages

Auteurs : Frédéric Maffre (scénario) Julien Maffre (dessin)

Éditeur : Dargaud (2017)

78 pages

source : Shi tome 1, éd. Dargaud, 2017.

Après une introduction explosive à notre époque, le lecteur plonge rapidement dans l’Angleterre de la première exposition universelle (1857). Durant une visite non-officielle, un groupe de nobles découvre qu’une Japonaise en habit traditionnelle faisant parti de l’exposition tient dans ses bras un bébé mort. Intriguée par cette découverte macabre, la jeune lady Winterfield, une femme moderne et dégourdie, se jettera corps et âme dans l’action pour découvrir le fin mot de l’histoire. Elle ouvrira la porte à un tissu complexe de ramifications qui traverseront le temps.

Pour un album de début de cycle, le récit évite deux écueils majeurs. D’un, l’auteur prend le temps d’introduire ses personnages (dont la sémillante Jennifer et l’hermétique Kitamakura), mais les enrobe d’un tourbillon d’action qui donne l’impression au lecteur de lire un livre et non un catalogue de présentation. Deux, sans se presser, Zidrou parsème des indices et des mystères au fil des pages et construit habilement un scénario enchevêtré mais crédible. Dès la dernière page lue, le lecteur en redemande et le lien ambitieux entre le passé et le présent pique vraiment la curiosité.

Aux crayons, Homs nous propose un heureux mélange de sensualité (les visages, les corps, les mouvements) et de précision (l’intérieur du grand hall d’exposition est superbe). Sa proposition de Londres fin 19e siècle est crasseuse et ses nobles hautains et bavards détestables à souhait.

Un cycle qui démarre sur les chapeaux de roue.

8/10

Shi tome 1 – Au commencement était la colère

Auteurs : Zidrou (scénario) Homs (dessin)

Éditeur : Dargaud (2017)

56 pages

 

 

Un commentaire

  1. Ouf, j’ai eu peur en lisant le tout début, parce que, de notre côté, nous avons accroché à Undertaker dès le début, même si cela va en effet crescendo. Mais finalement, nous sommes d’accord, et sur Undertaker, et sur Shi 🙂

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