
par Mathieu T
En 2011, Aurélien Ducoudray avait agréablement surpris mon collègue Dany et moi avec The Grocery, une série de mœurs sur un quartier défavorisé de Baltimore. Malheureusement, le dernier tome sombrait dans la violence ridicule et l’incohérence navrante. Cette fois-ci, il abandonne le réalisme urbain pour la science-fiction teintée d’humour. Est-ce que ça vaut le détour ?
Dans un futur lointain (espérons-le), les humains sont retranchés on ne sait où et ont créé une panoplie de robots pour guerroyer à leur place. Résultat : la Terre est un énorme champ de bataille où s’affrontent sans répit toute une panoplie de bébittes métalliques. Parmi celles-ci, Rip-P, mécanicien bavard, Snoop-I, son chien cubique et War-Hol, le war-bot dont ils doivent s’occuper. Mais War-Hol n’est pas comme les autres robots militaires puisqu’il cherche à tout prix à éviter les combats. Un jour, après un furieux affrontement, Rip-P découvrira le secret de son compère : dans son large corps se cache un bébé humain ! Les aventures des trois compagnons prendront alors une tournure inattendue.
Je dois dire que Ducoudray frappe un grand coup avec ce scénario simple, mais terriblement accrocheur. En reléguant les humains en arrière-plan, il peut donc créer un univers qui nous rappellent les joyeux délires de Futurama, mais en plus robotique. Débutant avec des personnages attachants, dont le chien qui parle en images pixélisées, Ducoudray parsème ses pages de mille clins d’œil visuels et textuels rigolos et bien sentis et se permet quelques rappels critiques de notre propre histoire sans trop forcer la note. Le lecteur embarque à fond et en redemande.
Les dessins très rétros de Carter appuient merveilleusement l’humour deuxième degrés de son compère. Le défi de représenter de multiples robots sans tomber dans la redite est relevé avec brio et la petite touche imprécise du trait donne une ambiance alternative à l’ensemble.
Une série qui débute formidablement bien.
8/10
Bots tome 1
Auteurs : Ducoudray (scénario) Baker (dessin)
Éditeur : Ankama (2017)
82 pages

Petite colle sans réponse pour débuter cette deuxième critique. Quelle a été selon vous le premier vrai western spatial ? Star Trek ? Albator ? Firefly ? Cowboy Bebop ? C’est un genre difficile à définir sinon qu’il utilise les grandes ficelles des westerns (bourgade perdue dans le désert, grands espaces sans loi, combats aux pistolets et j’en passe) dans un univers de science-fiction. En 2014 arrivait sur nos tablettes le premier fascicule en anglais de Copperhead, une tentative pour renouveler le style avec notre regard d’aujourd’hui.
Clara est mère monoparentale de Zeke, un gentil garçon d’une dizaine d’années. Clara est aussi le nouveau shérif de Copperhead, un trou perdu sur une planète perdue. Et parce qu’elle est nouvelle (un peu) et parce qu’elle est une femme (surtout), elle devra lutter pour faire sa place entre un assistant grognon et jaloux, un industriel insistant, des villageois bagarreurs et un paquet de racailles artificielles et extraterrestres. Mais lorsqu’une famille de bonshommes verts à quatre bras se fait sauvagement assassiner, Clara doit aussi mettre son stetson d’enquêteure.
Tout d’abord, chapeau à Faerber pour avoir créé une héroïne dans un monde de mâles (extraterrestres ou non) dont le lecteur apprécie les forces et les faiblesses au fil des pages. Faerber a vraiment un beau personnage au passé trouble entre les mains et le fait qu’elle soit une maman seule ajoute un angle inédit au récit. L’auteur propose d’ailleurs une chouette galerie de protagonistes et une histoire qui, sans révolutionner le monde des intrigues policières, tient la route. Avec une finale intrigante, la porte est ouverte à un contenu plus étoffé.
Curieusement, le dessin de Godlewski et les couleurs de Ron Riley m’ont rappelé les derniers albums de Bueberry (Arizona Love et consorts) dessinés par un Giraud plus effacé et moins maniaque tout comme dans Copperhead. Un beau travail efficace.
Décidément, une autre série à suivre.
7,5/10
Copperhead 1-Un nouveau shérif en ville
Auteurs : Jay Faerber (scénario) Scott Godlewski (dessins)
Éditeur : Urban Comics Indies (2016)
108 pages