par Mathieu T
Éloigné de mes chères bédés depuis plusieurs semaines, je regarde avec effroi ma pile de lecture prendre des proportions inquiétantes. C’est pourquoi je vous offre pour les prochaines semaines une chronique dominicale débordante de bonheur et de critiques express.

Pour ceux qui ne connaissent pas ce titre, le Donjon de Naheulbeuk est un drôle de moineau. Série audio créée en 2001 et bande dessinée en 2005, il est sujet à une dévotion absolue de la part de ses fans. Poursuivant le récit d’aventuriers dans un univers fantastique sur un ton absurde et délirant, ce tome annonce tranquillement la fin du projet. La guerre est partout et les héros ne souhaitent qu’une chose : partager leur butin et retourner à la maison.
Difficile pour le néophyte de plonger dans cet univers sans s’attarder sur les deux pôles de cette série. D’une part, les scénarios farfelus, l’humour douteux, les personnages délirants et de l’autre, un dessin efficace certes mais de qualité collégiale au mieux. Est-ce à dire qu’il faut tout jeter ? Non. Comme ce dernier album le montre, le Donjon est une saga abracadabrante complètement réussie pour le lecteur qui recherche un univers un peu débile à partager.
7,5/10
Le donjon de Naheulbeuk tome 20
Auteurs : John Lang (scénario) Marion Poinsot (dessins)
Éditeur : Clair de lune (2017)
48 pages

Autobiographie tendre et profonde, la graphiste Meags Fitzgerald revisite ses années de jeunesse et tente de comprendre ses questionnement identitaires, sa relation avec ses parents et qu’est-ce qui a fait d’elle un être unique. Parsemé de remarques sur les gens roux, ce journal personnel nous amène de page en page à suivre la construction mentale d’une fille timide, mais bouillante d’émotion.
J’avais connu Meags Fitzgerald avec le très chouette Photobooth : a biography en 2014. La voilà qui revient me surprendre avec un très bel album où ses questionnements existentiels veulent saisir la place de la femme et sa sexualité dans un monde où les valeurs profondes semblent tenir dans un mouchoir de poche. Le ton est sensible et juste, mais j’aurais aimé que l’auteure aille plus loin sur le plan graphique pour nous faire comprendre ses états d’âme.
8/10
Longs cheveux roux
Auteure : Meags Fitzgerald
Éditeur : Pow pow (2017)
96 pages

Tiré du roman du même nom d’Antonio Pennachi (2010), Canal Mussolini suit les tribulations de la famille Peruzzi, clan de paysans du début du XXe siècle qui, par un heureux concours de circonstances, croise un certain Benito Mussolini qui fait d’eux de prospères propriétaires. Mais leur bonheur sera de courte durée car la guerre et le malheur qui suit viendront redistribuer les cartes.
C’est bien dommage à dire, mais ce Canal Mussolini respecte tous les critères d’une mauvaise adaptation. Un scénario plein de trous, bancals, combiné à une pléthore de personnages insaisissables, appuyé par des dialogues bizarres au choix de mot étrange (probablement dû à la traduction). Le dessin aurait pu soutenir et donner du corps au projet, mais ces mêmes personnages, que le lecteur n’arrive pas à pleinement distinguer, semblent figés dans les cases.
3/10
Canal Mussolini
Auteurs : Graziano et Massimiliano Lanzidei (scénario) Mirka Ruggeri (dessins)
Éditeur : Steinkis (2017)
190 pages

Après plusieurs tomes où la tension entre l’insouciant Niklos et sa fille, la surprenante Seleni, a monté de plusieurs crans, le héros est maintenant en possession du VIe livre, celui qui dévore les âmes. Avec l’apparition de plusieurs personnages de la série et le combat ultime entre la magie noire et la magie blanche, Dufaux a tout mis en place pour une finale pétaradante.
Qui se souvient du beau Niklos arrivé sur nos tablettes en 1999 ? Que de chemin parcouru depuis et il était temps pour Dufaux de clore sa série. Le trait de Grenson, précis et puissant, s’est affiné au fil des années et ce dernier album en est un bel exemple. Toutefois, le récit de Dufaux, bien qu’il ne manque pas de souffle épique, nous laisse un peu sur notre faim. Un sentiment de hâte marque le lecteur. Cette série aurait mérité mieux.
7/10
Niklos Kodas tome 15 Le dernier masque
Auteurs : Jean Dufaux (scénario) Olivier Grenson (dessins)
Éditeur : Troisième vague Lombard (2017)
66 pages

Selon la première case de l’album, Imbattable est le « seul véritable héros de la bande dessinée » (p.3). Ce qui est totalement vrai si on le prend au pied de la lettre puisqu’il n’hésite pas à sauter de cases en cases et intervenir au fil des phylactères et de l’action. Imbattable, dont les aventures se déroule sur une ou deux pages, vient au secours de la veuve et de l’orphelin, même si pour cela, il doit demander l’aide de lui-même.
Il y a un peu de tout dans cette drôlerie papier : du Fred bien sûr pour l’explosion des frontières visuelles, du Hergé période Quick et Flupke pour le ton bon enfant légèrement irrévérencieux et du Franquin période Lagaffe pour ce héros au grand coeur. Bourré d’ingéniosité et de douce folie accompagné d’un léger sentiment d’ancien temps, est-ce que l’effet va s’estomper au bout de cinq albums ? Peut-être mais pour l’instant, c’est la rigolade.
8/10
Imbattable tome 1 Justice et légumes frais
Auteur : Pascal Jousselin
Éditeur : Dupuis (2017)
48 pages