Paiement accepté

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Par Dany Rousseau :

B26750
Denoël Graphic (2017) Bienvenu

Sans conteste, Paiement accepté (Denoël graphic) se démarque avantageusement sur un étale de libraire. Son esthétique singulière et son graphisme pop art, coloré, attire nécessairement l’œil. Paiement accepté est un récit d’anticipation se déroulant à Paris en 2058 et raconte l’histoire de Charles Bernet, un réalisateur français. Cinéaste d’exception, le cinquantenaire peut s’enorgueillir d’avoir remporté toutes les grandes distinctions de sa profession. Oscars, Palme d’or, Ours d’or, Golden Globe trônent ici et là dans son appartement parisien branché où il vit avec une femme superbe, artiste peintre. Obsédé par son dernier film, Bernet est sur le point de réaliser le long métrage de sa vie. Il réfléchit à ce projet de science-fiction depuis 30 ans et pour le concrétiser, il s’associe à son ami et producteur Donald, aussi appelé Junior. Ce dernier, coureur de jupons, vulgaire et magouilleur ressemble sans que l’on comprenne trop pourquoi à Donald Trump!

Paiement accepté nous transporte dans les coulisses du 7e art en nous dépeignant le parcours du combattant que tout cinéaste doit entreprendre. Même s’il est connu, Charles doit chercher du financement, négocier avec les investisseurs, batailler dur pour imposer sa distribution au producteur, gérer des égos de vedettes, lutter pour garder son intégrité artistique. Comme si ça ne suffisait pas, Charles doit aussi manœuvrer délicatement dans sa vie personnelle avec sa femme qui lui remet constamment sous le nez sa passion qui monopolise toute leur vie de couple. Cependant, malgré ces pépins de production, l’homme semble totalement en contrôle jusqu’à ce qu’arrive un moment où toutes ses certitudes seront remises en jeu et qu’il devra renouer avec son humanité après un accident ferroviaire qui le cloue au lit plusieurs mois.

Certes, si le dernier album d’Ugo Bienvenu est un bel objet évoquant les comics des années 60, son contenant n’est peut-être pas à la hauteur du contenu. Je peux admettre que la projection dans le futur proche est un bel exercice d’anticipation. Le monde de 2058 ne s’éloigne pas assez de celui de 2017 pour être complètement dépaysé, mais suffisamment pour se sentir nettement ailleurs. Toutefois, le scénario n’a jamais décollé. Si cette bédé veut être un regard satyrique sur le monde du cinéma, je ne me suis pas senti inclus dans la bande et je n’ai jamais cru que les clins d’œil complice de l’auteur s’adressaient à moi. Cette suite d’anecdotes et de réflexions simplistes sur la vie m’a paru interminable. Le récit est lâche et d’une grande platitude. Lorsque l’on s’attarde au superbe graphisme de Bienvenu, on s’attend à lire une histoire qui sortira tout autant de l’ordinaire, mais hélas non.

À la fin, nous avons l’impression de nous être imposé la lecture sempiternelle d’un scénario fastidieuse qui marche dans un sentier archi balisé. J’ai vraiment eu l’impression d’avoir entendu cette histoire des dizaines de fois tant les lieux communs sont nombreux. De plus, certaines incohérences m’ont grandement irrité. Par exemple, pourquoi donner les traits physiques de Trump au producteur ? Je ne comprends pas ce choix outre qu’il ressemble à un petit geste de protestation à effet nul et complètement futile envers le délirant président des États-Unis. Cet exercice n’apporte rien à la narration. Le lecteur n’a jamais le sentiment de lire un livre iconoclaste qui se soulève courageusement contre l’administration américaine.

En conclusion, Paiement accepté est victime des grandes attentes créées par son graphisme original. La déception à la lecture n’en est que plus douloureuse.

4/10   

Paiement accepté

Auteur : Ugo Bienvenu (scénario et dessins)

Éditeur : Denoël Graphic (2017)

144 pages

 

 

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