
par Étienne Proulx
Betty Boob est l’histoire d’Élisabeth B., atteinte d’un cancer et qui subit l’ablation d’un sein. Dans son récit, l’auteure Vero Cazot (Et toi quand est-ce que tu t’y mets?) explore l’univers féminin à travers les yeux de cette héroïne angoissée face à son image corporelle, au regard des autres et à ses relations complexes avec son entourage. La jeune femme part à la dérive quand son employeur la remercie parce qu’elle ne correspond plus aux standards de beauté. N’en jetez plus, la cour est pleine.
Élisabeth débarque inopinément dans une troupe de théâtre burlesque, événement salutaire pour sa guérison. La troupe réunie des artistes aux corps transformés et se produit sur une péniche. C’est dans ce lieu irréel que naîtra l’artiste de cabaret, Betty Boob. Le personnage prend les traits de la célèbre pin-up des années 30, un sein en moins… Dans cet univers parallèle où règne la tolérance, elle trouvera sa place et vivra une forme de thérapie dans la démesure. On assiste alors au spectacle de sa renaissance.
Les auteures ont pris le pari de créer une bande dessinée muette qui laisse toute la place au dessin. Julie Rocheleau (La colère de Fantomas, La Petite-Patrie) propose un univers graphique coloré et foisonnant où chaque page est un feu d’artifice. À travers ses dessins, ses mises en scène et les expressions des personnages, elle contribue avec brio au dynamisme du récit. Rocheleau s’impose de plus en plus comme une dessinatrice de grand talent à la signature unique.
L’histoire est pleine de rebondissements et les auteurs donnent peu de répits au lecteur. Mise à part l’insertion judicieuse de phrases qui rappellent la narration d’un film muet pour ponctuer le récit, d’autres moments de pause auraient été appréciés dans ce scénario tumultueux.
Le duo Cazot et Rocheleau signent une œuvre captivante qui a le mérite de mettre en lumière diverses facettes d’un sujet délicat, incarné par un personnage attachant.
8/10
Betty Boob
Auteurs : Véro Cazot (scénario) Julie Rocheleau (dessins)
Éditeur : Casterman (2017)
180 pages