Lady Killer ; t.2 Les Vices de Miami

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Par Dany Rousseau :

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Glénat comics(2018) Jones

En 2016, j’avais beaucoup apprécié le premier volume de Lady Killer (Glénat Comics). Cette rencontre percutante entre l’esthétisme de Mad Men et l’hémoglobine de Kill Bill m’avait un peu choqué, mais globalement plut. Avec Lady Killer ; t.2 Les Vices de Miami, Joëlle Jones nous revient avec son héroïne, la belle et sexy Josie Schuller, mais cette fois sans son coscénariste Jamie S. Rich. Dans ce nouveau volet, nous retrouvons toute la famille venue s’installer à Cocoa Beach, une banlieue proprette de Floride, après les déboires de Seattle.

Dans cet eldorado de la classe moyenne, au cœur des trente glorieuses, les Schuller reprennent leur quotidien. Eugène va au bureau tous les matins, les jumelles sont trimballées de l’école à leurs leçons de ballet ou de piano et la belle-mère acariâtre est toujours aussi désagréable. Josie, qui règne au centre de son petit monde, tente pour sa part de rester désirable pour son mari, d’être une cuisinière exemplaire, une mère chrétienne et une ménagère irréprochable. En parallèle, elle continue sa carrière de tueuse à gage, mais cette fois comme travailleuse autonome. Son esprit d’entreprise et son imagination lui promettent un bel avenir dans l’industrie des gorges tranchées et de la strangulation. Toutefois, le boulot d’agent libre ne sera pas de tout repos.

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Glénat comics(2018) Jones

En effet, comme si ce n’était pas assez de récurer à la perfection son logis, Josie doit maintenant nettoyer elle-même ses lieux de travail. Ne remplissant ses contrats qu’à l’arme blanche ou à l’objet contondant, il va sans dire qu’il y a du pain sur la planche. Nous prenons rapidement conscience de l’ampleur de la tache dès le début du récit alors que Josie, emprunte l’identité d’une vendeuse Tupperware afin d’exécuter un mandat. Une fois la démonstration terminée et les voisines rentrées chez elle sans rien acheter, la représentante d’un jour devra éliminer, pour le compte d’un neveu, le couple de méchantes vieilles filles qui la reçoit. Comme à son habitude, Josie en mettra partout en réglant son contrat à coup de marteau. En astiquant après la fête et en dépeçant ces gros corps flasques dans la baignoire, avant de répartir les morceaux dans ses célèbres plats de plastique, Josie en sueur aura la nostalgie de l’époque où elle travaillait pour un employeur qui lui fournissait le service de nettoyage. C’est pour cette raison que lorsque Irving, son ancien nettoyeur surgit une nuit dans les phares d’une voiture alors que notre tueuse préférée s’escrime avec un paquet à disposer, la tentation d’une association sera grande. Cependant, tout se compliquera quand un certain monsieur Hawley proposera à Josie d’intégrer un syndicat et lorsque la belle-mère, Greta Schuller, confiera un soir à sa bru son passé trouble comme officier civil du parti nazi durant la guerre en Allemagne.

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Glénat comics(2018) Jones

Je vous avouerai que lorsque j’ai feuilleté chez un libraire pour la première fois cette bande dessinée, dont le premier tome de la série m’avait accroché il y a deux ans, j’ai eu un mouvement de recul. L’hémoglobine y est prédominante et l’auteure semble sombrer dans l’hyper trash. Une fois mes premières appréhensions surmontées, j’ai entrepris la lecture de Lady Killer t.2 d’un œil critique. Heureusement, en refermant la dernière page des aventures de la tueuse à gages un « peu » psychopathe, je peux affirmer que le résultat reste toujours intéressant, et ce, même si l’effet de surprise du premier opus est dissipé. Josie est toujours aussi élégante, jolie et sexy et le scénario toujours aussi accrocheur et fluide. De plus, nous en apprenons davantage sur le passé de l’héroïne et constatons que la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre.

Joëlle Jones nous offre un bel exercice de style où le graphisme sophistiqué des « sixties » et les clins d’œil rétro sont la pierre angulaire de l’œuvre. La scène où les Schuller reçoivent le patron d’Eugène à souper nous ramène avec plaisir sur ce thème abondements exploité dans les « sitcoms » de l’époque comme Ma sorcière bien-aimée ou même des dessins animés comme les Pierrafeu. La violence exacerbée, la caricature et les situations qui frôlent parfois le grotesque nécessitent un goût prononcé pour les deuxièmes niveaux et l’humour noir. Au côté de la jolie Josie, Dexter passerait pour une vulgaire chocotte. Alors que j’ai craint que dans ce deuxième cycle l’auteure perde le bel équilibre qu’elle maintenait entre l’histoire qui se tient et le n’importe quoi, j’en arrive à la conclusion que la magie opère encore. Même si la finale bâclée sur certains aspects nous laisse un peu dubitatifs, l’apparition d’un personnage que nous avions cru disparu nous donne le goût de connaitre la suite et de continuer la série.

7.5/10

Lady Killer ; t.2 Les Vices de Miami

Auteur : Joëlle Jones

Éditeur : Glénat Comics (2018)

144 pages

 

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