Du Bug à Montréal en passant par Hollywood

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Bug 2

Couv_362623Par Dany Rousseau :

Le Bug d’Enki Bilal qui avait frappé toute la planète numérique l’an dernier revient en force. Dans ce deuxième chapitre, nous retrouvons avec joie Kameron Obb qui fait un retour remarqué sur terre marqué de cette étrange tache bleue qui s’étend sur son visage et dans sa tête, toute la mémoire numérique terrienne. Il va sans dire qu’une fois qu’Obb aura touché le plancher des vaches accompagné des médecins de la station spatiale internationale, il deviendra la personne la plus recherchée de la planète. Des envoyés de la compagnie Life Dust One (commanditaire de la mission sur Mars à laquelle participais Obb), la mafia italienne, la mafia corse, les Chinois, le califat de Gibraltar, les Néo-Marxiste et j’en passe, voudront tous obtenir leur part d’Obb afin qu’il insuffle un peu de vie à leurs technologies devenu guère plus utiles qu’une boîte de pâte tomate vide. Le cosmonaute, pour sa part, se fout bien de tous; ce qui lui importe est de retrouver sa fille Gemma.

Si on en apprend un peu plus sur les raisons du Bug, l’intrigue avance lentement. Nous sommes dans un deuxième tome de trois, ce qui explique cette impression de surplace. Cependant, Bilal nous réjouit encore en dépeignant un monde dystopique mêlant des enjeux géostratégiques parfois amusants, mais jamais innocents avec des nuances de gris et de bleues qui constituent sa marque de commerce unique. Vivement le tome 3!

8/10

Bug; tome 2

Auteur: Enki Bilal

Éditeur : Casterman (2019)

 

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Futuropolis (2019) Luz

Hollywood menteur

Je ne suis pas une référence en histoire du cinéma hollywoodien classique des années 50 ou 60. J’ai même de la difficulté à retenir les noms et les visages des acteurs de second ordre américains, m’amusant à tous les appeler « Tony Curtis » au grand désespoir de mon amoureuse. Le Hollywood menteur de Luz n’était pas destiné à me tomber entre les mains.

Luz, au contraire de moi, reste un grand fan de l’époque de l’âge d’or des grands studios hollywoodiens et dans sa dernière bédé, il tente de nous faire partager sa passion en nous emportant sur le plateau du mythique MisfitsLes Désaxés en français – réalisé en 1961 par le non moins mythique John Huston. Cette super production de la United Artist ne se contentait pas alors de se payer le plus réputé des réalisateurs américains, elle se payait aussi des têtes d’affiche immense comme Clark Gable, Montgomery Clift, Eli Wallach et Marilyn Monroe. Sur un scénario de Henry Miller – alors époux de la blonde actrice – Misfits raconte l’histoire d’une jeune femme venue divorcer à Reno au Nevada et qui rencontre trois hommes – deux cow-boys et un aviateur dont l’activité principale était de capturer des chevaux sauvage pour les vendre à des abattoirs.

Le tournage sera une catastrophe. Le mariage de Miller et Monroe connaitra ses dernières heures, Montgomery Clift luttera contre ses démons intérieurs à coup de cachet, Gable sera aussi lourd que saoûl et Huston sera plus absorbé par les casinos à proximité que par son film.

Ce Hollywood menteur ne nous expose pas seulement la fin d’une époque et d’un âge d’or, mais déchire aussi le voile cachant les petites et grandes misères d’un rêve américain qui chancèlera dès la fin de la décennie avec la guerre du Vietnam. À travers la déchéance des icônes de cette Amérique glorieuse depuis 1945, Luz tente de nous faire réaliser la pourriture derrière les paillettes et les projecteurs.

L’idée allégorique de la fin du glamour Hollywood et celle de l’innocence américaine n’est pas nouvelle, mais grâce au trait vaporeux de Luz, presque onirique à l’occasion, l’auteur nous offre sa version des faits à laquelle nous adhérons sans hésiter. Sa Marilyn est touchante de fragilité, mais aussi très volontaire et loin d’être naïve. Son Montgomery Clift pour sa part, nous fait pitié, tourmenté par son apparence physique, la mort de James Dean et son orientation sexuelle. Une belle réalisation de Luz dont les amateurs de cinéma et de culture pop se délecteront.

8/10

Hollywood menteur

Auteur : Luz (dessin et scénario), Postface de Viriginie Despentes

Éditeur : Futuropolis (2019)

111 pages

 

bd_rue_s2Rue de Montréal

Le 175e anniversaire de la fondation de Montréal a donné lieu à une foule de manifestations culturelles intéressantes. Le 9e art ne fit heureusement pas exceptions au mouvement de célébration. En effet, le Festival de la BD de Montréal  (FBDM) s’était alors associé pour l’occasion à la revue Planches afin de monter une exposition regroupant plusieurs bédéistes montréalais qui devaient fournir de courtes bandes dessinées qui devaient être affichées sur des panneaux dans trois parcs de la métropole situés dans les quartiers Plateau Mont-Royal et Rosemont-Petite-Patrie.  Ce recueil est la suite logique de l’événement.

Dans Rue de Montréal nous retrouvons avec plaisir des auteurs bien connus comme Boum, Cab, Samuel Cantin, Jeik Dion ou Julie Rocheleau. En 14 récits, ils nous amènent avec eux dans un Montréal passé que nous découvrons avec plaisir. Les lieux sont souvent familiers comme le Marché Jean-Talon ou encore complètement déconcertants comme ce Palais des Nains de la rue Rachel, fondé en 1927 par Philippe et Rose Nicol, un couple de petites personnes autoproclamées comte et comtesse qui faisaient visiter leur maison meublée en miniature et adaptée à leur taille.

Comme dans tout recueil offrant une grande variété de créations, on rencontre des récits plus faibles, des meilleurs et certains qui se démarque nettement par leur humour comme ceux de Catherine Ocelot ou Samuel Cantin ou d’autres qui nous emporte par leur beauté graphique et leur poésie comme celui Jeik Dion. Quoi qu’il en soit, vous chacune des historiettes vous apprendra quelque chose sur Montréal et pour cette simple raison nous en conseillons la lecture.

7.5/10

Rues de Montréal; histoires urbaines en bande dessinée

Auteur : collectif

Éditeur : FBDM et Planche (2019)

 

 

 

 

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